La dame de la cabane (partie 4)

Mélia Pelletier, Mont Notre-Dame 30 mars 2021

As-tu lu la partie 3 de cette histoire « La dame de la cabane » ?

J’étais dans un espace fermé. La pièce était à peine plus grande que moi. Impossible de m’asseoir. Cela faisait environ deux heures que j’étais ici. Je ne savais pas où ni pourquoi j’étais là. Tout semblait dire que j’étais seule. Mais je sentais constamment une présence. Quelque chose qui essayait de pénétrer mon esprit. C’était subtil, un peu comme le réveil au matin, ça vient tranquillement, mais on le sent. C’était comme une voix, un murmure constant.

-Bonjour Alicia…

J’essayais de répondre, mais mes cordes vocales ne pouvaient produire q’un sifflement inaudible.

-N’aie pas peur.

-Pfff plus facile à dire qu’à faire, me suis-je dit.

-Ne t’en fais pas, je ne te veux pas de mal, je veux être ton amie.

-Quoi? Mon amie? Alors, sors-moi d’ici!

-Pas maintenant, pour que je sois une bonne amie, je dois entrer dans ta tête pour toujours être près de toi! répondit la voix d’un ton mielleux.

-NON! Ai-je répondu, en essayant de mettre les mains autour de ma tête pour la protéger, mais mes membres n’obéissaient plus.

-Calme-toi, tu ne peux plus m’en empêcher à présent, j’y suis déjà, ne t’en fais pas, ça ne fera presque pas mal…

-Presque?

-Oui, tu sentiras juste un léger pincement!

-Quoi? Mais pourquoi? Je ne veux pas!

-Je le fais pour ton bien Alicia, une fois que j’aurai fini, tu n’auras plus mal, tu ne souffriras plus et ta vie sera toujours belle, comme un rêve!

-Qu’allez-vous faire avec ma tête?

-Oh, ne t’en fais pas, j’enlève toute trace de méchanceté, de tristesse ou de colère! Tu vois, c’est comme dans un rêve!

-Mais je n’ai pas envie qu’on m’enlève tous mes souvenirs d’émotions négatives, ce sont eux qui font qui je suis!

-Voyons, pourquoi MOI je voudrais les garder?

Sa question me prit au dépourvu. Je demandai alors, redoutant le pire :

-Pourquoi vous dites ça?

-Car je vais habiter dans ton esprit à présent!

Alors que j’allais répliquer, un douleur fulgurante s’installa dans mon crâne. Comme si ma tête se fendait en deux! C’est alors que la voix ricana si fort et la douleur s’intensifia :

-À bientôt, Alicia!

Je hurlai alors le plus fort que je pus, mais encore une fois, seul un bruit insignifiant sortit de ma bouche. Ma tête semblait être en ébullition. Mon coeur battait si vite que j’avais l’impression qu’il allait sortir de ma poitrine. Je fermai les yeux comme si cela allait calmer la douleur. En les rouvrant, je me rendis compte que j’étais à nouveau dans la chambre d’hôpital. Ouf, cela n’était qu’un rêve! Mais les nerfs encore à vif, je me mis à pleurer toutes les larmes de mon corps. Comme si un océan de malheur s’était accumulé en moi ces dernières 24 heures. 

-Mon chou, papa est là! Mais qu’as-tu donc? 

-Oh papa! Tu es là, elle va revenir, tu vas voir! 

-Mais qui Trésor? demanda-il désemparé

-Mais LA DAME DE LA CABANE! répondis-je dans un souffle avec une voix qui n’était pas la mienne. 

Mon père sembla surpris par mon ton et recula en fronçant les sourcils. Il commença alors à me flatter la tête en me souriant, puis d’une voix se voulant rassurante, il me dit :

-Ce n’était qu’un cauchemar, tu n’as pas à t’en faire, les médecins disent que tes évanouissements sont dus au stress et à la fatigue. Tu n’as qu’à bien manger, boire de l’eau tous les jours et faire au moins une séance de méditation chaque semaine. Avec tout cela, tout devrait rentrer dans l’ordre. OK? 

Me disant que mon père avait raison et me convaincant moi-même que ce n’était qu’un rêve, je m’essuyai les yeux et demandai :

-Où est maman? Et Pascal? 

-Pascal est couché dans la salle d’attente et ta mère était inquiète de te voir bouger et crier comme ça, elle est donc allée chercher une infirmière. 

-Mais… J’ai dit quoi pour que maman s’inquiète comme ça? 

-Eh bien, c’était vraiment étrange et épeurant. Tu disais à quelqu’un qu’il fallait qu’il arrête, que tu ne voulais pas et aussi qu’il voulait se libérer… Ensuite, tu as commencé à hurler en te tortillant et c’est là que j’ai dit à maman d’aller chercher un aide soignant. 

Je restai bouche bée. Puis, je repensai à plusieurs scènes bizarres s’étant produites lorsque nous sommes arrivés dans la nouvelle maison. La première scène était lorsque Pascal avait crié:

Référence à la partie 1 de l’histoire

Une minuscule bâtisse en décrépitude se dressa devant nous. Pascal s’écria soudainement :

-La Madame! La Madame! Elle est là! J’ai faim! La Madame!

Mon père regarda d’un œil aiguisé vers le bâtiment . Je scrutai moi aussi attentivement les environs sans toutefois ne rien voir. Ma mère regarda mon père d’un air suppliant. Les yeux remplis de larmes, elle se tourna vers la banquette arrière de la voiture où mon petit frère criait. 

-Qu’y a-t-il mon loup? Il n’y a personne dehors! 

-Elle veut se libérer! hurla Pascal en se mettant les mains sur la tête et en frappant des pieds sur l’avant de son siège

-Qui? demanda doucement mon père en frottant le bras de ma mère à deux doigts d’éclater en sanglots.

Sans arrêter sa plainte douloureuse, Pascal pointa une des fenêtres de la cabane.

Ou lorsque j’ai rencontré le garçon, celui dans la forêt: (référence partie 2)

Pourquoi tu m’as frappée? 

-Puisque tu es chez MOI!

-Quoi? Mais non! Ici, c’est chez mon grand-père! 

-Pfff, même pas vrai! Nous avons acheté cette maison il y a deux semaines! Avec inspection et dans la loi! Puis, ce n’est pas un vieux monsieur qui nous l’a vendue, c’est une femme dans la trentaine qui dit qu’elle voulait se libérer d’une charge de travail! 

-Hein??? Mon grand-père s’appelle Henri Nolet! Il vit ici depuis qu’il est né! 

-Alors, pourquoi tu n’es pas venu le voir hier? 

-Car je reviens juste d’un voyage d’un mois! Je venais le voir, je suis arrivé ici hier! 

-N’importe quoi! Je ne dirai rien à mes parents! Mais si tu reviens ici encore, mon père appellera la police! OK? 

-OK! Mais toi aussi tu vas avoir de mes nouvelles!

Fin de la référence de la partie 1

Ou encore lorsque mon frère avait reçu son fauteuil roulant quelques heures plus tôt et que ma mère m’avait expliqué que c’était à cause d’un tremblement soudain dans ses muscles, je m’étais évanouis. (Référence à la partie 3)

Mais le plus épeurant était certainement le fait que mon frère m’ait parlé de Marie, ou la dame de la cabane, qu’ils communiquaient par la pensée et que celle-ci allait revenir… (Référence à la partie 3)

Puis un énorme flash explosa dans mon esprit : lorsque nous étions arrivés devant l’étrange cabane, Pascal avait été ciblé par Marie pour qu’elle puisse pénétrer dans son esprit et vivre à travers lui. Elle avait tué Henri Nolet pour je ne sais quelle raison. Quand je me suis évanouie, c’est parce qu’elle allait pénétrer dans ma tête. C’est à ce moment qu’elle l’a fait. Elle avait quitté le corps de mon frère et il avait subi un trop gros choc pour ses muscles fragiles. Pascal m’avait parlé de Marie, me disant qu’elle allait revenir. Lorsque je me suis retrouvée dans cette minuscule pièce, c’était pour qu’elle finisse le travail, tout cela voulait donc maintenant dire quatre choses.

La première, Marie était morte.

La deuxième, elle cherchait à se venger d’Henri Nolet et elle avait réussi.

La troisième, elle me possédait maintenant et je ne pourrais plus avoir la maîtrise de mon corps.

La dernière, si elle avait changé d’hôte, c’est qu’elle ne voulait pas se venger d’une seule personne et que le sang n’avait pas fini de couler…

 

À suivre… 

Mélia Pelletier Mont Notre-Dame