Société

Entrevue avec Christine Labrie

Éléonore Fournier, Mont Notre-Dame 8 novembre 2019

Elle explique son métier de députée et elle présente au Journal Le M sa vision des écoles privées.

Pour en savoir plus sur ce métier incroyable, j’ai décidé d’interviewer la députée de Québec Solidaire (QS), Christine Labrie. Elle nous explique son métier et ses intérêts. Bonne lecture!

E.F. Bonjour Madame la députée. Tout d’abord, pourriez-vous nous expliquer ce qu’est le métier de député?

C.L. Le métier de député, c’est un métier qui comprend plusieurs volets; d’abord le travail qu’on fait ici en circonscription, aider les citoyens qui ont des problèmes, aider des organismes, aider la ville, etc. Il y a aussi une partie du travail qui se passe à Québec. À l’Assemblée nationale, il y a des projets de lois qui sont déposés; nous on les étudie, on essaie de les améliorer. C’est le rôle en tant que législateur. C’est aussi le travail qui est lié avec notre parti politique, on véhicule un projet de société en particulier.

E.F. Qu’est-ce qui vous a incitée à devenir députée?

C.L. C’était beaucoup de déception face aux politiciens. Je trouvais que je n’étais pas bien représentée. À force de me dire ça, je me suis dit: «Pourquoi je ne me présenterais pas? Peut-être que je pourrais y aller moi même, si je ne suis pas satisfaite!»

E.F. Aimez-vous votre métier?

C.L. Oui, j’adore ça! Il y a des choses que j’aime plus, des choses que j’aime moins. 

E.F. Qu’aimez-vous le plus et le moins?

C.L. J’aime moins l’aspect spectacle de certaines choses qu’on fait à l’Assemblée nationale, et aussi le fait que nous sommes obligés de réagir très vite. Je préfère prendre le temps de réfléchir et de mieux m’informer avant de réagir. Souvent, avec les médias, on est obligés de réagir super rapidement sans avoir le temps que moi j’aurais aimé prendre pour mieux m’informer avant de dire ce que j’en pense.

J’aime vraiment le contact avec les gens, je rencontre beaucoup de citoyens qui sont contents du travail que je fais. En fait, ce que j’aime vraiment le plus, c’est quand il y a des citoyens qui me disent qu’ils ne s’intéressaient pas à la politique avant et que maintenant, ils ont commencé à s’y réintéresser parce que, tout d’un coup, ils se sentent représentés. Donc ils suivent ça avec plus d’interêt, ils m’écrivent pour me parler de ce qu’ils vivent, pour me poser des questions. Alors moi, de savoir que j’ai réussi à ramener certaines personnes à s’intéresser à la politique, je trouve ça vraiment important!

E.F. À quelle fréquence allez-vous au Parlement de Québec?

C.L. J’y vais trois jours par semaine, presque toutes les semaines, sauf pendant l’été, puis pendant le temps des Fêtes: ce sont des moments où on ne siège pas.

E.F. Est-ce que c’est un métier difficile?

C.L. Oui, c’est un métier assez difficile, et exigeant. Nous n’avons pas tous les mêmes défis; j’ai quand même une facilité à m’exprimer, c’est assez facile pour moi. Le plus difficile, c’est justement de concilier ça avec la vie familiale: je suis partie presque la moitié de la semaine. C’est aussi très difficile de ne pas pouvoir tout faire en même temps! Je suis responsable de dossiers que je trouve super important : l’éducation, la famille, et la condition féminine.

E.F. Est-ce que le fait d’avoir des enfants influence votre travail?

C.L. Oui! Ça fait aussi partie des raisons pour lesquelles j’ai décidé d’y aller, notamment, même si c’est sûr que c’est plus difficile avec des enfants que sans enfants! Ce que je n’aimais pas des décisions des politiciens, c’est qu’ils ne prennent pas de décisions à long terme, ils prennent souvent des décisions juste pour se faire réélire. Quand on a des enfants, on prend encore plus conscience à quel point c’est important de prendre de bonnes décisions à long terme. Je crois que ça vient vraiment du fait qu’on s’inquiète pour ce qui va se passer dans la société dans laquelle nos enfants vont grandir.

E.F. Récemment, vous avez parlé du comité éco-responsable de notre école à l’Assemblée nationale. Comment pensez-vous que ce mouvement peut s’étendre à l’ensemble des écoles secondaires du Québec?

C.L. En en parlant, c’est un peu ce que j’ai fait, j’ai lancé le défi aux autres écoles secondaires de Sherbrooke de rejoindre le pacte de l’école québécoise. J’étais surprise de voir que vous étiez la première école secondaire de Sherbrooke à le faire, parce que je sais que dans presque toutes les écoles ici, il y a des initiatives de comités d’environnement, même depuis longtemps.

Le pacte, c’est un engagement de plus, donc j’espère que les autres vont relever le défi. Mais c’est sûr que, de prendre cet engagement, c’est ne pas juste faire de petites choses mais de continuer toujours d’aller plus loin, et de transformer à long terme l’institution. C’est un engagement que l’institution prend; ce n’est pas juste le comité des élèves, c’est aussi un engagement qui est partagé avec la direction. Ce que ça dit au gouvernement c’est: «Regardez, on est prêts, on est prêts à faire des changements. Pouvez-vous nous aider à encadrer ces changements-là?»

E.F. Que pensez-vous de la place qu’occupent les écoles privées à Sherbrooke?

C.L. Il y a beaucoup d’écoles privées à Sherbrooke. Environ le tiers des élèves du secondaire fréquentent une école privée, ici, à Sherbrooke. Ce sont d’excellentes écoles, comme nos écoles publiques, d’ailleurs. Ce qui est difficile avec ça, c’est que, souvent, dans les écoles privées, les élèves qui s’y retrouvent viennent d’une famille souvent un peu plus riche, pas toujours mais souvent. Ce sont des enfants qui viennent d’une famille où l’éducation est beaucoup plus valorisée.

Ce que ça crée, c’est qu’il y a une concentration vraiment importante d’enfants qui viennent d’un milieu où on valorise vraiment l’éducation donc ils vont probablement faire un petit peu plus d’efforts pour poursuivre des études plus longues. Et dans les écoles publiques, il y a une proportion plus importante d’élèves qui viennent de milieux où peut-être on accorde moins d’importance à ça. Et tout ça, ça crée des écarts entre les jeunes et il s’agit d’écarts qui restent à long terme. C’est ça que je trouve plus problématique. Ce que j’aimerais voir dans la société, c’est que tous les jeunes puissent avoir accès à n’importe quelle école.

C’est sur cette réflexion que j’ai conclu mon entrevue. Je crois que cette discussion m’a fait découvrir le métier et les intérêts de notre députée. J’ai beaucoup aimé mon expérience. Je tiens à remercier Mme Labrie pour sa disponibilité! J’espère que cela vous a plu!

Éléonore Fournier et Christine Labrie

Éléonore Fournier Mont Notre-Dame