Mieux-être Projet personnel

Courir vers l’accomplissement de soi

Collaboration spéciale, Mont Notre-Dame 5 février 2018

Collaboration spéciale de Aude Poirier, 5e secondaire

Dans le cadre de mon projet personnel, j’ai décidé d’écrire un texte sur un sujet qui me passionne et qui occupe une grande partie de mon temps. J’ai eu envie de partager publiquement mes expériences et j’espère que ce texte saura vous inspirer!

21 kilomètres. Lorsque l’idée m’a pour la première fois traversé l’esprit, je l’ai vite chassée, sa connotation surréaliste m’a rapidement ôté toute motivation potentielle. Je ne croyais pas avoir de temps pour ça, mais du temps, on n’en a jamais assez. Après vint le problème essentiel : mon corps n’était clairement pas prêt à une telle épreuve. J’ai toujours été une fille assez sportive, mais pas au point d’en courir aussi long. Aurais-je réellement la patience d’entraîner mon coeur, mes muscles et, par-dessus tout, mon cerveau afin de parcourir tous ces pas? Il se trouve que oui. Oh, ne vous méprenez pas, j’en ai mis du temps avant de prendre ma décision. Il serait faux de prétendre qu’aller au bout de mes idées et projets m’est naturel. Au contraire, je suis dotée de la fâcheuse manie d’abandonner lorsque les efforts entrent en jeu… ou plutôt, j’étais. Car en plus d’apprendre que j’étais en mesure de parcourir ce nombre de kilomètres qui m’effrayait tant, j’ai appris à m’accomplir. Et tout ça, par la simple action de courir.

Je me suis soumise à un plan strict et réaliste de course régulière. Petit à petit, je l’ai bâti en fonction de mes capacités, du temps que j’avais et en prenant en considération ma santé. En effet, j’ai commencé par viser trop haut avec cinq entraînements par semaine qui n’ont servi qu’à endolorir de façon plutôt sévère ma pauvre cheville. Une fois celle-ci remise sur pied (sans mauvais jeu de mots), j’ai construit un horaire plus adapté, et mon corps m’a vite remerciée. Pour une débutante, il n’est pas recommandé de faire de grandes distances si régulièrement. Par grandes distances, je sous-entends cinq à sept kilomètres qui m’apparaissaient au début comme de vrais marathons. Il est évident que de commencer en grand a ses limites… que j’ai trop vite dépassées. J’ai eu de l’aide dans la construction de mon programme, puisque du haut de mes seize ans, il m’est apparu impossible d’avoir les compétences nécessaires à la réalisation d’un bon horaire d’entraînement. J’ai aussi appris à varier mes courses. Mon trajet habituel me semblait lassant, car je le courais tel un robot, automatiquement. Ça m’a pris des recherches et beaucoup d’ajustements, mais j’ai réussi à réduire la monotonie que m’inspiraient mes courses en y ajoutant quelquefois des intervalles, et en changeant mes kilométrages. Je crois dur comme fer qu’il est essentiel, dans la pratique d’un sport, de suivre un programme stimulant et de la respecter. Certes, quelques soirées pluvieuses ont parfois su me décourager mais la clé est d’en faire une priorité, en gardant en tête son propre but personnel. Car jamais je n’aurais été en mesure de courir quoi que ce soit sans suivre à la lettre l’échéancier que je me suis créé.

Souvent, surtout à mes débuts, l’envie d’abandonner hanta mon esprit. En réalité, elle l’occupait. À chaque pas douloureux, chaque fois que mes poumons n’en pouvaient plus, chaque fois que le froid de novembre m’empêchait de sortir sans grelotter, je me demandais pourquoi je m’infligeais un tel traitement. Ces passes-là, elles sont normales. Elles sont mêmes saines. Elles m’ont permis de réaliser que c’est là que je voyais les efforts que je faisais. C’est par mes mollets meurtris que je comprenais comment je les avais sollicités. Les avantages de la course surpassent, à mes yeux, amplement ces désagréments et l’incroyable sentiment de vie que m’apportait la course m’en faisait vite oublier celui de frustration du mal qu’elle me causait. La douleur que je ressentais a commencé à me satisfaire peu à peu, et j’ai appris non seulement à m’en satisfaire, mais à l’aimer, car elle me prouve encore aujourd’hui que je réalise quelque chose qui demande à mon corps et à mon esprit de la persévérance. Et, de plus, rien de mieux que la douche chaude et réconfortante que je m’offrais après chaque sortie, pour laquelle j’accélérais même quelquefois le pas pour y accéder encore plus vite.

L’incroyable sentiment de vie que m’apportait la course m’en faisait vite oublier celui de frustration du mal qu’elle me causait.

Je ne suis pas devenue une experte de la course à pied, et je ne prétends pas l’être. Bien sûr, j’ai acquis de l’expérience en la pratiquant à ce rythme et avec cette dévotion. Ce que je conseillerais aux futures coureuses sont les simples règles suivantes: étirements, eau, étirements. La course est l’un des sports où il est le plus facile de se blesser (hanches, genoux, pieds, mollets). Certes, il ne s’agit pas d’un sport de contact mais tout de même, la répétition du même mouvement entraîne un danger sous-estimé. En fait, lors de la course, on est responsable de soi-même. C’est à nous de décider du temps et du soin que l’on apporte à préparer notre corps, et à le reposer après l’effort. Le danger n’est pas ailleurs: il n’y aura pas d’adversaires pour venir blesser par surprise des endroits du corps non planifiés. Courir, c’est prévisible, on sait où on travaillera et c’est là où il est extrêmement important de prévenir. Et puis il y a l’eau. L’importante, l’essentielle eau. Hydrater son corps, c’est lui permettre de continuer, et surtout de compenser pour ce qu’il perd (en eau).

Je crois que la clé, au final, c’est la patience. C’est en étant patiente que j’ai atteint mes résultats, et il m’est impossible de cacher que cette qualité n’est pas naturelle chez moi. J’ai donc aussi appris à attendre d’être en mesure de courir ces 10 kilomètres, puis 15, et bientôt, 21. C’est en voyant mon parcours que je me motive: j’ai réussi à me rendre là, alors pourquoi pas plus loin? Évidemment, j’ai eu la chance de bénéficier d’autres facteurs qui m’ont énormément aidée. Le soutien de mes proches, l’aide généreuse d’amis expérimentés, température généralement clémente… Je n’ai pas à me plaindre, au contraire. Je souhaite seulement mettre l’accent sur l’importance que le sport a eu dans ma vie et à quel point sa forme importe peu. Ce qui compte vraiment, c’est la fréquence à laquelle il est pratiqué et, par-dessus tout, l’effort fourni. Toute ma vie, j’ai fait du sport. Mais jamais je ne m’étais investie à fond comme je l’ai fait. Et le sentiment de satisfaction, de plénitude, que j’en ai retiré en a valu et en vaut toujours la peine.

 

Collaboration spéciale Mont Notre-Dame