Société

Arrêtons de culpabiliser les victimes

Mégan Destremps, Mont Notre-Dame 18 mai 2018

Comme vous le savez surement, le procès de Gilbert Rozon, fondateur du gala Juste pour Rire, est présentement en cours pour les agressions sexuelles commises tout au long de sa carrière.

Par contre, lundi matin, au Palais de Justice, l’avocat de l’accusé a cité ces paroles révoltantes:  « Il se peut qu’une femme ait la perception qu’elle devait accepter ses avances, tout se passe entre les deux oreilles, ce n’est pas la faute de mon client.» À la suite de ces mots, j’ai beaucoup réfléchi, et j’en suis venue à cette réflexion… 

 Maintenant, il est temps que le monde se réveille. 

Maintenant, il est temps d’arrêter de culpabiliser les victimes. Maintenant, il est temps que le monde se réveille, que le peu de monde qui reste dans le déni des agressions sexuelles réalise la force et le courage que ça prend pour dénoncer. Maintenant, il est temps qu’on assume nos erreurs, qu’on commence à arrêter de se couvrir les yeux et qu’on les ouvre, une bonne fois pour toutes.

Maintenant, je vous pose la question: est-ce qu’un homme a également la responsabilité de s’assurer que la femme ou que l’homme est consentant? Selon M. Rozon, la sexualité n’est ni noir ni blanc : c’est une zone avec plusieurs teintes de gris. Savez-vous quoi? Il n’a pas tort, monsieur l’accusé. Par contre, c’était de sa responsabilité de démêler les «teintes de gris» et de voir si la femme était en mesure de prendre une décision pour son bien-être, et non pour le bien-être de sa carrière! Utiliser son pouvoir pour charmer, c’est comme avoir le choix entre «coucher» avec quelqu’un sans qu’on en ait envie ou avoir peur de perdre son emploi, son poste ou même ne pas être reconnue pour ce qu’on est, mais pour ce qu’on a pas voulu faire.

Maintenant, il est temps d’arrêter de dire aux filles dans la rue de se couvrir si elles ne veulent pas se faire harceler. Si un homme passe torse nu dans la rue, personne ne lui dit que ce n’est pas convenable, mais on va peut-être juste le penser dans notre tête. Par contre, si une femme décide de passer dans la rue avec un « top de sport » où l’on voit ses épaules et son ventre, bonne chance ma grande! Le regard des gens va se poser sur elle, les commentaires vont affluer et je vois déjà Gisèle, 74 ans, dire que «ça n’a pas de bon sens que des filles se promènent de même dans la rue!»  Dans son temps, ce n’était pas comme ça! On se respectait, dans le temps de Gisèle! Et bien, excuse-moi, Gisèle, mais se respecter, en 2018, c’est porter ce qu’on veut, ce dans quoi on se sent bien. Se respecter, c’est accepter être soi-même. Alors, laissons les femmes se respecter et gardons nos commentaires pour nous, merci bonsoir!

Se respecter, c’est accepter être soi-même. 

Maintenant, il est temps qu’on agisse en tant que société. Il est temps qu’on se réveille et qu’on arrête d’accuser les victimes d’être la cause de leur agression à cause de leur habillement, de leur naïveté ou de leur position par rapport à l’agresseur. Là, il est temps qu’on se réveille, car les seuls responsables, ce sont les agresseurs.

**Je tiens à m’excuser aux Gisèle, 74 ans, qui n’ont rien à voir là-dedans.

Mégan Destremps Mont Notre-Dame