Société

This is not consent

Mégan Destremps, Mont Notre-Dame 18 décembre 2018

Le mois dernier, en Irlande, un homme de 27 ans a été jugé non coupable du viol d’une jeune femme de 17 ans. Pour faire une histoire courte, on parle ici d’un débat pour s’entendre si le viol était un viol (question un peu stupide…) car, selon l’agresseur, la relation était consentante tandis que la victime disait le contraire (et elle avait raison car non, c’est non. Non?) Alors, pour aider son client, l’avocate de l’accusé a décidé d’amener une « évidence » à la cour: les bobettes de la jeune fille. Oui, oui, ses sous-vêtements. Pourquoi? me direz-vous. Et bien, apparemment, des bobettes en dentelle, ça veut certainement dire que la femme était prête et consentante pour une relation sexuelle. Si elle est sortie de chez elle habillée comme ça, elle s’attendait certainement à avoir une relation le soir même, hein? 

Toutes les agressions sexuelles sont causées par l’agresseur. 

L’avocate Elizabeth O’Connell, une femme, a dit au jury: « Does the evidence out rule the possibility that she was attracted to the defendant and was open to meeting someone and being with someone? You have to look at the way she was dressed. She was wearing a thong with a lace front. » Bin oui, toi! Quand tu décides de mettre tes belles bobettes, ça veut forcément dire que tu t’attends à avoir une relation sexuelle! Donc, méfiez-vous, jeunes femmes. Si vous sortez ce soir, mais qu’une relation, ça ne vous tente pas, vous devez mettre vos vieilles bobettes sales et trouées, cela va de soi!

VOYONS DONC! Comment ça se fait qu’on soit rendu à apporter des sous-vêtements dans un procès pour prouver qu’une relation sexuelle était consentante?! Et, le pire dans tout ça, c’est que ça fonctionne! J’en reviens pas qu’une femme ait pu faire ça à une autre femme, si jeune en plus! J’ai envie de demander à madame O’Connell si elle, quand elle décide de se mettre cute cute avec ses belles bobettes en dentelle, c’est parce qu’elle veut coucher avec quelqu’un le soir même. Depuis quand les sous-vêtements d’une femme ça regarde quelqu’un d’autre qu’elle et qu’elle seule!

Crédit photo: www.huffingtonpost.co.uk

Depuis l’arrivée de cette nouvelle, plusieurs activistes se sont prononcés sur le sujet, dénonçant la stupidité de cette évidence un peu passée date. Depuis, le mouvement « THIS IS NOT CONSENT » prend de plus en plus d’ampleur sur les réseaux sociaux. On n’est plus en 1915, bon sang! Les femmes ne s’habillent plus pour plaire aux hommes, mais pour elles-mêmes et pour se sentir bien dans leur peau.

Je suis vraiment tannée. Tannée de voir qu’on blâme les victimes pour leur agression sexuelle. « Elle n’a pas crié. Elle était habillée pour ça. Elle était saoule. C’était la nuit et elle dormait chez moi. » Non. Ce n’est pas des excuses.  Pourquoi les femmes ne vont-elles pas directement dénoncer les agressions sexuelles? Pour ça. Exactement ça. La peur du processus juridique. La peur de ne pas être prises au sérieux. La peur de voir leurs bobettes à la cour. On devrait féliciter les femmes qui dénoncent, même si ça leur a pris 1 an, 5 ans ou 35 ans. Bravo, vous êtes des femmes extrêmement fortes. Grâce à vous, le monde avance.

Toutes les agressions sexuelles sont causées par l’agresseur.

Point la ligne.

Non, je veux même pas t’entendre me dire le contraire.

Ok bye.

Crédit photo: Wikipedia

Crédit illustration: Marica Zottino

Mégan Destremps Mont Notre-Dame