Culture

Les Monstres, quand le glauque est une raison de vivre…

Alain Riou, Bibliothécaire du Mont Notre-Dame 16 octobre 2018

Un Ovni bédéesque est arrivé à la bibliothèque cet automne. Cette première bédé d’Emil Ferris est déjà considérée comme un classique du genre, et ce, malgré 48 refus des éditeurs avant que l’un d’eux ait le courage de la publier. Le succès a été immédiat. Emil Ferris peut se vanter d’avoir, elle aussi, rencontré des monstres.

Un parcours ardu…

Après s’être fait piquer par un moustique en 2002, Emil Ferris a perdu l’usage de ses jambes et de sa main droite, celle qu’elle utilisait pour dessiner. Selon les médecins, il n’était pas certain qu’elle puisse remarcher un jour. Elle a défié le pronostic des médecins et s’est mise à la tâche de les faire mentir. Pari réussi pour celle qui a mis 6 ans à terminer ce premier livre. Au début, elle se « scotchait » un stylo à la main afin de dessiner. L’entièreté de sa bédé a été faite avec des stylos billes sur des feuilles de cartables, ce que l’éditeur a respecté lors de la parution. On peut dire d’emblée que cette bédé marquera le temps.

Quand on veut devenir un monstre

Nous sommes à Chicago à la fin des années soixante. Nous découvrons le personnage de Karen Reyes, 10 ans, qui rêve de devenir un monstre. Vivant au sous-sol d’un immeuble, entouré de gens hétéroclites, une survivante des nazis, un ventriloque, un chef de la mafia de Chicago, Karen tente de faire sa place dans ce quartier difficile. De plus, elle est le souffre-douleur de son école. Même sa meilleure amie, Sandy, la renie. Elle est perçue comme une jeune fille bizarre. Heureusement son grand frère et sa mère sont toujours présents pour elle.

Un jour, sa voisine Anka, survivante des nazis, se suicide. Karen décide de mener l’enquête afin de découvrir ce qui s’est réellement passé. Elle fera, comme nous, des découvertes surprenantes. Pour Karen, les monstres ont une vie comme les humains, ils se reconnaissent et ils partagent une vie bien à eux. Son plus grand souhait n’est-il pas de les rejoindre et de devenir un monstre? Des épreuves la tourmenteront tout au long du récit, ce qui amènera Karen a traversé des épreuves difficiles pour une jeune fille de son âge.

Une oeuvre d’art à part entière

Au-delà du récit que nous offre Emil Ferris, il faut s’attarder sur le côté artistique, qui est magnifique, et qui nous accompagne dans chacune des pages. Cette bédé est une exposition en soi! Je n’ai jamais rien vu de ce genre. Elle a un style bien à elle qui est à découvrir. Je me retrouvais à tourner les pages pour regarder les images, comme quand j’étais un jeune garçon de 12 ans.

Je vous invite à découvrir cet ouvrage qui marquera à jamais le monde de la bédé américaine. Bonne lecture!

Alain, votre biblio à vélo. 

Moi ce que j’aime, c’est les monstres – Éditions Alto, Québec, 2018, 416 p.
(Déjà en réimpression chez l’éditeur)

Cette bédé fait partie de la section PI 3,1416.
Elle est réservée aux 16 ans et plus.

Alain Riou Bibliothécaire du Mont Notre-Dame