Société

Journée internationale des droits des fxmmes : toujours nécessaire (2/2)

Marie-Jeanne Lépine, Mont Notre-Dame 31 mars 2021

Mars étant le mois de l’histoire des femmes, Annabelle Vellend et moi avons cru pertinent de célébrer les luttes féministes que les fxmmes ont remportées dans les dernières années. Cependant, nous sommes encore bien assez loin de l’égalité, de l’équité et nous croyons qu’il demeure important de se rappeler que la bataille n’est pas vaincue. Voici donc trois plans sur lesquels nous devrons encore travailler très fort tous ensemble  pour faire un pas de plus vers un monde plus juste. Il y a également des liens à la fin de chaque section pour vous permettre de continuer d’en savoir plus sur le sujet.

Rendre notre féminisme intersectionnel

@lanadenina_

Intersectionnel, c’est un bien grand mot pour rassembler un bien grand nombre de gens. Historiquement, le féminisme, surtout au Canada ou dans les pays bien développés, est une affaire de femmes blanches. Elles étaient les plus fortunées, pouvaient s’offrir le service d’une femme de ménage ou d’une nourrice et donc avaient le temps pour les batailles vers l’égalité. Le hic avec ça, c’est que bien que les femmes partagent un grand nombre d’injustices, une femme blanche et cisgenre, ne pourra jamais comprendre la discrimination de plus que vivrait une femme noire et/ou musulmane et/ou transgenre et/ou lesbienne, etc. L’intersectionnalité vient donc régler ces problèmes en suggérant de travailler ensemble et en rappelant justement ce concept : la personne féministe doit se battre non seulement pour elle-même, mais aussi pour les fxmmes qui vivent à l’autre bout du monde.

La discussion et le partage sont importants; c’est en se serrant les coudes que nous gagnerons les luttes les plus importantes

Peut-être avez-vous remarqué l’emploi, non seulement dans mon article, mais sur les réseaux sociaux, du mot fxmmes. Eh oui. Avec un x. Fxmmes est un terme  rendu populaire vers 2015 avec l’anglais Womxn. Le mot regroupe maintenant non seulement les femmes cisgenres ou transgenres, mais aussi les personnes non-binaires transféminines.

Il faut donc continuellement s’éduquer sur les enjeux auxquels sont confrontées les femmes un peu partout dans le monde afin d’être à jour dans nos luttes. La discussion et le partage sont également importants, car c’est en se serrant les coudes que nous gagnerons les luttes les plus importantes, ce qui nous mène à mon prochain point, l’importance du Womxmhood.

Se soutenir et de se battre ensemble

@cecile.dormeau

Il est surprenant de réaliser à quel point, je généralise, les hommes ont beaucoup plus tendance à s’unir et à se défendre, sans même se connaître, que les femmes. Nous sommes malheureusement souvent portées à juger aux premiers abords et nous placer en compétition avec les autres. Selon l’archéologue Charlie Danger, ce phénomène remonterait aux tous débuts des interactions humaines. L’importance de plaire aux hommes afin de pouvoir se reproduire a amené les femmes à constamment ressentir le besoin de se distinguer des autres femmes et à se placer en compétition avec elles, on appelle ce phénomène la «compétition intrasexuelle» . Les psychologues James McNulty et Jon Maner ont mené une étude. Ils ont fait sentir à un groupe de femme un chandail qu’avait porté une femme lors de sa période d’ovulation. Le taux de testostérone a augmenté chez le groupe de femmes. La hausse de testostérone cause des augmentations des comportements de dominance et de compétition.

Si nous  étions capables de franchir ces barrières de différences, si nous étions capables de nous rallier toutes ensemble, si nous pouvions nous battre ensemble, nous avancerions beaucoup plus vite

 D’ailleurs, on pourrait peu à peu renverser cette habitude. On peut se forcer à aller vers les autres, s’éduquer. On peut, lorsqu’on commence à apercevoir un jugement que l’on porte sur une autre femme, se forcer à se demander quelques questions :

  • Quelle est l’origine de mon jugement? Sur quoi je me base pour la juger?
  • Pourquoi devrais-je me retenir d’aller la soutenir ou d’aller l’aider?
  • Si j’étais dans sa position, le soutien d’une autre femme serait-il nécessaire?

Souvent, après ces questions, on se rend compte que notre jugement ou notre peur n’est pas fondé. Après tout, qui est mieux placé qu’une fxmme pour en aider une autre? Si nous sommes capables de franchir ces barrières qui nous retiennent et si nous étions capables de nous rallier toutes ensembles, peu importe notre âge, d’où l’on vient, en quoi l’on croit et qui l’on embrasse, si nous pouvions nous battre ensemble, on avancerait beaucoup plus vite.

Augmenter le pourcentage de femmes en position de pouvoir

La proportion de fxmmes dans les positions de pouvoir est très loin de la moitié. L’an passé, en 202o, seulement 5,8% des présidentes-directrices générales du S&P 500 sont des femmes. On peut souligner le fait qu’en 2016, elles n’étaient que 2%, mais cela reste un nombre beaucoup trop faible. Des études associent cette donnée choquante à plusieurs facteurs, dont entre autres : 

Il est important de comprendre qu’il reste encore beaucoup de travail à faire afin que les fxmmes passent de tolérées  à valorisées 

@missgloriadesign

  • Les hxmmes qui coupent la parole aux fxmmes lors de réunion ; un phénomène de plus en plus fréquents lors de vidéos conférences ;
  • L’importance accordé aux horaires de travail qui soutiennent le principe d’arriver le plus tôt possible et de partir le plus tard possible. Or, ce mode de pensée ne permet pas à une mère (ni à tout autre parent d’ailleurs) de porter les enfants les matins ou de les chercher le soir. Et si les réunions importantes avaient lieu à 11 h plutôt qu’à 18 h 30? ;
  • Les questionnaires qui varient selon le genre de l’interviewé. Pour une femme, des questions comme «Avez-vous des enfant » pèseront plus dans la balance pour une fxmme que pour un hxmme alors que celle-ci pourrait très bien avoir une très logique façon de concilier travail-famille.

Il est également important de comprendre qu’il reste encore beaucoup de travail à faire afin que les fxmmes passent de «tolérées»  à «valorisées» . Il ne suffit pas de les accepter, mais de les inclure. Souvent, les comportements qui peuvent mettre une fxmme à l’écart ne sont pas intentionnels, mais lorsqu’on prend réellement le temps d’y penser, on peut trouver la problématique. Il existe plusieurs manières d’être plus inclusif dans les milieux de travail, mais je vous invite à poursuivre votre lecture vers l’article «Femmes à la haute direction | Sept fautes inconscientes des hommes au pouvoir »   d’Isabelle Dubé qui est très complet.

Nous sommes encore bien assez loin de l’égalité, il demeure important de se rappeler que la bataille n’est pas vaincue, mais gardons tout de même espoir!

Garder la tête haute et rester fortes

@xavieraaltena

Nous sommes encore loin de l’égalité, il reste encore un long chemin à parcourir : gratuité des produits menstruels, hypersexualisation, sécurité en général, droits des femmes trans, représentation dans les médias, etc. Il est important de garder espoir. Il faut s’écouter, s’assurer de se battre pour toutes, être solidaires, mais aussi parler fort et prendre de la place. Nous représentons presque la moitié de la population humaine et comme l’a dit Émile Proulx-Cloutier dans son slam Force Océane  :

Ils ont bâti le monde entier sur ton dos

Si tu te lèves tout’ va trembler

Ça va être beau

Sources

«Femmes à la haute direction | Sept fautes inconscientes des hommes au pouvoir » , Isabelle Dubé

«FXMMES : Un projet, un nom et des idées » , Paola Craveiro

Image mise à l’avant: @saraandreason

Marie-Jeanne Lépine Mont Notre-Dame